Friday 25 May 2012

Louis, Sarko, ironies

Le Grand Louis
Selon Karl Marx, ‘l'histoire se répète toujours deux fois ; d'abord comme tragédie, puis comme farce.’

Il ne s’est certainement pas trompé. Par exemple, Louis XIV, Louis le Grand, est sans doute l’un des monarques français les plus arrogants de tous les temps: ‘l’état c’est moi’; ‘une foi, une loi, un roi’. Il ne s’est certainement pas pris pour n’importe qui.

Et pourtant, à la fin du dix-septième siècle, il a eu tout le mal du monde pour en venir à bout de la petite république hollandaise.

Son émule en matière d’arrogance, Sarko-le-Petit, non seulement ne se prenait pas pour n’importe qui, mais par son comportement faisait savoir qu’il se positionnait en successeur de Napoléon. Ou plutôt, il positionnait Napoléon comme prédécesseur digne de Sarko.

Quelle belle ironie que c’est Hollande qui a donc montré ses limites au petit du vingt-et-unième siècle, comme la Hollande l’a fait au grand du dix-septième.



Le petit Sarko

Friday 22 April 2011

La RATP: fer de lance de la mondialisation

La régie autonome des transports parisiens intervient aussi dans les transports londoniens ? Curieuse idée, n’est-ce-pas ? Mais pas moins vrai pour cela. Plusieurs lignes de bus, y compris la 94 de la photo mais également la 10 dont je me sers souvent pour me rendre au bureau, arborent avec orgueil la célèbre enseigne de la RATP.


Qui dit que la mondialisation ne se fait pas ? EDF est bien implantée en Grande Bretagne, AXA aussi, pourquoi pas la RATP ?

Et cependant la France n’est pas toujours très éprise de la mondialisation. Si nous réfléchissons aux discours qui ont changé le monde, tel l’Appel du 18 juin du Général de Gaulle, il faut accorder l’honneur qu’il mérite au discours historique de notre président actuel, prononcé à Dakar le 26 juillet 2007. Sarko a rassuré ses auditeurs que la France partageait leur souhait, d’une ‘autre mondialisation, avec plus d'humanité, avec plus de justice, avec plus de règles.’ Et il a eu le courage de citer Léopold Senghor, selon lequel ‘le français nous a fait don de ses mots abstraits –  si rares dans nos langues maternelles.’

Ce dernier débarquement des Français en Angleterre, RATP en tête, est donc lourde de promesse pour moi et mes compatriotes. Grâce à une mondialisation sarkozienne, plus humaine et juste, on a tout à espérer de ces nouveaux arrivés à Londres. Ceci dit, je tiens à signaler à Sarko que dans ma langue maternelle à moi, certains mots abstraits existent déjà – on sait bien dire opportuniste, mégalomane et profiteur. Mais peut-être que nous allons en maîtriser d’autres.

En tout cas, je suis tout à fait prêt à apprendre à dire ‘Londres Unie’ plutôt que ‘London United’. Et du moment que le 10 m’amène toujours de St Pancras International à Selfridges dans Oxford Street, je ne me plaindrais pas de devoir ce service à la RATP.


Postscriptum : qui rédige, au juste, les discours de Sarko-le-grand ? ‘Permettez-moi de remercier l'université de Dakar qui me permet pour la première fois...’ ‘Permettez’ et ‘permet’ dans la même phrase, à une douzaine de mots l’un de l’autre ? Quel lourdeur de style ! Qui leur a permis de permettre à un si grand président de commettre une pareille bévue ?

Tuesday 19 April 2011

Interdictions vestimentaires : choisir la bonne cible

Vous avez de bonnes connaissances de l’anglais mais souhaiter les améliorer ? Ecoutez The News Quiz, diffusé le vendredi à 18h30 anglaise, 19h30 française, mais également téléchargeable pendant le reste de la semaine du site de la BBC :

http://www.bbc.co.uk/podcasts/series/fricomedy

Un des thèmes abordés la semaine dernière était l’interdiction du niqab et de la burqa en France. L’émission a posé l’excellente question, pourquoi s’en prendre uniquement à ces articles vestimentaires particuliers ? Ils ont même trouvé un défenseur : un comédien bien en vue, Jeremy Hardy, qui trouvait que la burqa avait le grand avantage de permettre aux gens de dormir un peu plus : on met le réveil deux minutes avant l’heure de départ de la maison, on se jette la burqa dessus, et qui devinerait qu’on a toujours son pyjama en dessous ?

De toute façon, d’autres vêtements figureraient aussi bien, voire mieux, sur la liste à interdire. Les tongs par exemple, ou les leggings, très favorisés en Angleterre. Personnellement, je commencerais par les leggings roses, mais tout le monde ne serait peut-être pas d’accord. L’un des participants de l’émission voulait cibler en priorité le port de sandales avec des chaussettes. Chacun à son goût, je suppose.


Leggings roses, tongs: encore moins admissibles que le niqab ?
Mais il s’agit d’une problématique très anglaise. Il est fort possible que les Français, tellement plus élégant que nous, ne font pas d’infractions aussi lamentables aux normes fondamentales du goût.

C’est peut-être pourquoi Sarko s’en est pris au voile islamique. Il ne s’agirait pas d’islamophobie, ni de refus des principes fondamentaux des droits de l’homme. Sarko veut s’ériger en défenseur de l'élégance vestimentaire, et interdire par cette loi éclairée la seule violation jusqu’ici tolérée aux principes de sytle sur lesquels la culture française repose.

Donc loin de le lui reprocher son entêtement sur cette queston, il faudrait féliciter Sarko d’avoir enfin accompli un acte politique vraiment digne de lui.

Entretemps, en Angleterre nous nous contenterons de viser le port du jaune avec le violet, et nous écouterons The News Quiz le vendredi soir, pour nous distraire un peu de toutes ces questions d'envergure véritablement sarkozienne.

Monday 11 April 2011

Sarko: un pas de géant pour les droits de l'homme. Ou de la femme

Enfin, Sarko-le-Grand lance une initiative digne de lui, digne de sa taille. Le port du niqab ou de la burqa est interdit en France.

Otto von Bismarck, chancelier allemand qu’il faut citer de temps en temps même si dans son époque il a parfois causé quelques petits ennuis à la France, disait que ‘la politique et l’art du possible.’ Seul un fanatique ou un naïf, et il s’agit souvent de la même personne, s’attaquerait à des problèmes réfractaires à toute solution. En ce moment, il y a deux millions de chômeurs en France. Leur fournir une échappatoire ? La tâche est lourde. Est-ce que Sarkozy en a la taille ? Pas évident.

Il a donc fait preuve d'un pragmatisme bien solide en choisissant une question mille fois plus petite. 2000 personnes portent le niqab ou la burqa en France. De surcroît, il s’agit de femmes. Voilà une cible digne d’un grand chef d’état.

Pour résoudre l’autre problème, bien plus grave, il faut quelqu’un d’une autre taille. Il paraît qu’il y en ait un au Fonds Monétaire International.

Pas sûr, cependant, que le Parti Socialiste le choisisse comme candidat au prochaines présidentielles. Parce que si à l’Elysée, on a du mal à voir les choses en grand, rien ne dit qu’au parti socialiste ils aient une vision plus claire des choses.


Pour des raisons peut-être incompréhensibles, je n’ai rien trouvé de mieux
pour illustrer
ce blog qu’un graphique du chômage en France


Monday 14 March 2011

La Marine débarque en Italie

Marine le Pen va donc à l’île italienne de Lampedusa.

C’est là que l’Italie enferme les immigrés clandestins arrvant de la Tunisie et de la Libye, deux pays pour lesquels on veut tout faire, à condition que cela ne nous coûte pas grand-chose.

Est-ce que Marine compte ainsi venger la France pour la défaite par l’Italie au Stade Flaminio samedi dernier ? Si oui, elle est bien cruelle – après tout, il ne s’agissait que d’une simple partie de rugby.

Mais la vengeance ne serait complète que si Marine restait sur place. Signalons au passage que l’île contient une prison de haute sécurité toute prête pour la tâche.

Et cela représenterait un soulagement pour la France encore plus importante qu’une petite vengeance sportive.

Monday 25 October 2010

Gloire et honte des armes britanniques

Aujourd’hui, c’est la St Crépin. Tout écolier anglais connaît – ou du moins a entendu – le discours de Shakespeare, qu’il met dans la bouche du roi anglais Henri V, juste avant la bataille d’Azincourt : ‘this day is called the feast of Crispin’ et plus tard ‘we few, we happy few, we band of brothers, for he today that sheds his blood with me, shall be my brother.’ ‘Band of brothers’ est une expression qui est entrée dans la langue courante (c’était le titre d’une excellente série de par Spielberg, sous le nom français de Frères d’armes). Et ‘happy few’ est même devenu une expression de la langue française.

La semaine dernière, plus précisément jeudi 21, était le jour anniversaire de la bataille de Trafalgar.

On passe donc par un moment pas trop réjouissant pour des Français, avec trop d’anniversaires de défaites infligées par le grand ennemi historique de la France.

J’ai donc voulu offrir un brin de soulagement à mes compatriotes français en racontant l’incident le plus récent de l’histoire de la marine britannique, traditionnellement la plus puissante branche militaire du pays.

Il concerne le sous-marin, HMS Astute. Hélas, il ne s’est pas avéré très astucieux. Construit pour pouvoir rejoindre n’importe quel zone de conflit du monde, son autonomie lui permet de rester au large pendant 3000 miles nautiques. Et pourtant lors de son premier essai en mer, il s’est échoué à quelques kilomètres de sa base, sans même avoir quitté les eaux territoriales du Royaume. Le pire : il a été construit, à un cout de 1,2 milliards de livres, pour des missions furtives. Il était donc gênant de le voir, exposé à n’importe quel passant, près de l’Ile de Skye, une des principales destinations du tourisme en Ecosse.

Heureusement, tout cela s’est passé vendredi dernier. Imaginez s’il s’était produit jeudi, anniversaire de Trafalgar. Mais même vendredi – quel honte. La Royal Navy n’est vraiment plus celle qu’elle était à l’époque de Nelson.

Quelle ironie que juste à ce moment, où le déclin de la puissance maritime militaire britannique aurait permis de songer à une juste vengeance de la France pour la honte de Trafalgar, la conjoncture soit telle que la guerre entre la France et la Grande Bretagne est devenue inconcevable.

Quoique, avec Sarko-le-Grand à l’Elysée, qu’est-ce qu’on peut vraiment exclure définitivement ?

Sunday 17 October 2010

Burqa et citoyenneté

Curieuse histoire, celle de Marlène Ruby, l’institutrice à la retraite qui a eu l’idée de proclamer les droits de l’homme en arrachant le voile de la tête d’une musulmane, d’ailleurs même pas française, en burqa.

Je comprends bien que certains pourraient bien vouloir défendre l’action de Marlène et avanceraient des arguments bien convaincants. Pour les aider, je propose donc une situation hypothétique où certains fait sont changés, mais le fond de la chose reste le même. Je trouve que c’est souvent une façon efficace de voir les points faibles d’un argument autrement spécieux.

Supposons qu’au lieu d’une femme, il s'agissait d'un homme qui avait entrepris l’action, et qu’au lieu d’une femme des Emirats, il s’en était pris à une jeune française, et qu’au lieu de lui arracher un voile, il lui avait arraché le haut d’un bikini. Après tout, il y a de nombreuses cultures à travers le monde où il est normal que les femmes se promènent seins nus. Par quel droit les pays occidentaux les obligent de se couvrir ?

Je me demande combien de gens trouveraient l’action louable, une légitime défense des droits de l’homme. Certains trouveraient même que ce serait une atteinte inadmissible à la pudeur de la victime, et que celle-ci a le droit de définir pour elle-même ce qui constitue la modestie. Ils trouveraient peut-être qu’une telle action frôle l’agression sexuelle, précisément parce qu’elle ne respecte pas les critères de modestie de la femme en question.

Il suffit d’ajouter que plusieurs de nos amies musulmanes nous ont assuré que pour elles, sortir sans se couvrir la tête les choquerait autant que de sortir nues.

Je me demande par quelle droit nous leur imposerions une idée de liberté qui nie leur désir de modestie ?

Par ailleurs, c’est avec grand plaisir que j’ai découvert que la peine pour le port de la burqa en France n’est pas seulement d’une amende (de jusqu’à 150 euros). Elle peut être assortie de, ou remplacée par, un stage de citoyenneté.

J’adore le fait que dans la France de Sarko-le-grand, l’apprentissage de la citoyenneté soit perçue comme une peine.