C’est étonnant de voir à quel point les Anglais apprennent à faire leur politique chez les Français.
En pleine effervescence électorale ici, on voit bien que le chef de file des Conservateurs, David Cameron, est allé faire son apprentissage chez Sarko-le-Grand. Toute sa politique se résume en un seul point : il préfère que ce soit lui qui gagne et que tous les autres perdent. Pour atteindre son but il promettrait n’importe quoi à n’importe qui, et il est prêt à changer radicalement de politique – de 180 degrés, si ce n’est, quelques jours plus tard, 360. Il laisse l’impression qu’au pouvoir il ne ferait strictement rien et, en plus, c’est mieux comme ça. Exactement comme Sarko, en fait.
Quant à Nick Clegg, à la tête du parti Libéral-Démocrate, c’est la grande découverte de cette campagne. Depuis les années vingt, son parti traîne en troisième position, réduit aux années soixante au ‘parti Libéral de taxi’ avec six députés qui auraient tous pu monter en un seul taxi. L’innovation de ces élections c’est une série de débats télévisés à l’américaine, entre leaders des trois grands partis. On se plaignait que notre système parlementaire devenait de plus en plus présidentiel, et ces débats n’ont qu’accéléré ce processus. Lors du premier débat, à l’étonnement de tout le monde, lui le plus de tous, c’est Clegg qui est sorti gagnant. Depuis son parti est en deuxième position dans les sondages, avec 30% des intentions, devançant le parti Travailliste de l’actuel gouvernement.
Clegg c’est Bayrou, les Libéraux-Démocrates sont le Modem. A cette différence près : eux ils ont bossé leur percée depuis des décennies, au lieu d’y consacrer que dix mois, et ils risquent de la réussir.
Quant à Gordon Brown, l’actuel Premier Ministre et leader pro tem du Parti Travailliste, il a évidemment perfectionné sa technique dans l’école de Rachida Dati. Il s’est comporté très bien avec une dame qui l’avait interpellé dans la rue hier, en restant courtois, même souriant – et ce n’est pas facile pour lui, qui a toujours l’air de manquer un peu de pratique quand il essaie de sourire. Il monte en voiture. Et il se laisse aller en injures envers cette dame, la traitant entre autres choses de vieille bigote – en oubliant que son micro était resté attaché à sa veste et était toujours ouvert. C'est du pur Dati.
Quel beau cadeau pour la presse. ‘La honte du pays’ criait un des quotidiens soi-disant populaires de ce matin, en traitant Brown d’hypocrite.
Il paraît qu’en Angleterre on croit que ces politiciens qui sourient tout le temps sont sincèrement épris des électeurs qu’ils croisent sur leur chemin. Aucun d’entre eux ne se plaint jamais après de ces gens minables, bêtes et – qui sait – bigots.
En tout cas, il doit y avoir pas mal de députés travaillistes qui depuis hier soir comprennent que le moment est arrivé de se chercher un autre travail, et en veulent à Brown. Brown lui-même doit se dire que la porte du numéro 10 Downing Street va bientôt se fermer derrière lui. Au moins cela lui donnera le temps de décider si c’était vraiment judicieux d’aller apprendre son savoir vivre politique chez Rachida.
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