Monday 14 December 2009

La listomanie

Depuis quelque temps, le souhait des listes, innocent en lui-même innocent, est devenu presque obsessif dans le monde anglo-saxon. On a les cent meilleurs films de tous les temps, les plus grands sportifs, les meilleurs romans de l’année, de la décennie voire du siècle, et ainsi de suite. Ce sont en général des revues ou des émissions qui publient ces listes, mais de temps en temps elles consultent leurs lecteurs ou spectateurs avant, et c’est eux qui élisent les noms qui y figurent.

C’était le cas, notamment, de la liste des plus grands personnages de l’histoire britannique, intéressante uniquement par sa prévisibilité : les téléspectateurs n’ont choisi ni celui qui est devenu l’un des plus grands poètes du monde, Shakespeare, ni l’un des plus grands scientifiques de tous les temps, Newton, ni même un des principaux bienfaiteurs de la race humaine, l'inventeur de la vaccination Edward Jenner, dont certains disent toujours que personne n’a sauvé plus de vies que lui.


Non, ils ont bien sûr choisi Churchill, préférant le leader de guerre, même s’il a été à l’origine de plusieurs décisions militaires désastreuses : dans la première guerre, le débarquement à Gallipoli qui s’est soldé par un échec total après avoir coûté la vie à 131 000 hommes ; dans la deuxième, le débarquement à Narvik qui a coûté sa liberté à la Norvège et le débarquement (décidemment, c’était un vrai récidiviste) en Italie, début d’une campagne de presque deux ans qui n’était toujours pas venu à bout des Allemands à la fin de la guerre : Kesselring défendait encore des positions sur le versant italien des Alpes.

Mais ‘100 Greatest Britons’ est déjà vieux – c’était une série de la BBC qui date de 2002. Depuis on a eu de plus en plus de listes, surtout en fin d’année ; là, en fin de décennie, nous allons en baver. Dernièrement, on a même eu des listes de listes – les dix listes les plus intéressantes de la décennie, etc.

En général, j’essaie de ne pas faire attention à tout cela. Mais j’ai quand même été frappé par une liste récente – celle de la revue américaine, Forbes, des 67 personnes les plus puissants du monde. Pourquoi 67 ? C’est un personnage par 100 million d’habitants de la Terre.

En tête de liste se trouve, bien sûr, Barack Obama. On ne peut contester sa puissance, comme le prouvent quotidiennement les Talibans en Afghanistan. Ensuite paraît le président Chinois, dont la renommé est démontrée par le fait que je ne me souviens pas de son nom. En troisième place, il y a Vladimir Poutine, qui a tant de puissance qu’il doit la cacher derrière le poste de premier ministre, d’où il tire les ficelles du président pantin Medvedev.

Et en quatrième place ? Evidemment, Sarko le grand. Eh, ben, non. C’est Ben Bernanke chef de la banque centrale américaine. Ensuite il y a tout une série d’hommes d’affaires, hommes des médias ou papes (ben, un seul de ces derniers), avant qu’on n’arrive au premier politicien Européen, à la douzième place. Et ce n’est toujours pas Sarko : c’est Belusconi, grâce à sa position de premier ministre, roi en voie de fabrication et chef des médias. Angela Merkel est à la place 15, Kim Jong Il, dictateur de la Corée du Nord à la 24. Osama bin Laden est numéro 39 et deux places plus loin, Joaquín Guzmán, narco-trafiquant mexicain.

Quoi, un trafiquant de drogues avant notre grand Président ? Hélas oui. Il n’arrive qu’en 56ème position. Même Gordon Brown, qui ne figurera certainement pas dans la liste l’année prochaine, est à la place 24. Et le plus navrant ? A la place 47, neuf places avant Sarko, se trouve – Dominique Strauss Kahn.

Quelles bêtises que ces listes. J’ai honte d’y avoir passé autant de temps.

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