Friday 4 December 2009

Vive les magistrats!

J’adore les magistrats. Dans nos différents pays, il me semble parfois qu’il n’y a qu’eux à nous séparer de l’anarchie. L’anarchie ? Que dis-je ? Le barbarisme.

En Italie, c’est bien sûr les magistrats qui trouvent que Berlusconi a quelques comptes à rendre sur son comportement un peu royaliste, ou un peu beaucoup. D’ailleurs, il y a même son ami Gianfranco Fini, président de la Chambre des Députés, qui a tenu des propos peut-être légèrement trop francs, devant un microphone allumé. Berlusconi, dit-il, confond le leadership avec la monarchie absolue. Il félicite les magistrats italiens, plutôt injuriés par Berlusconi, pour leur détermination à continuer de poursuivre ‘il Cavaliere’. C’est curieux, me direz vous, comme comportement de la part d’un ami ; quand vous cherchez vos amis, répondrais-je, dans les rangs de l’ancien parti néo-fasciste italien, faut pas trop s’étonner.

En France, entretemps, certains magistrats s’obstinent à croire que malgré les années qui se sont écoulées, Jacques Chirac aurait lui aussi des comptes à rendre concernant les moyens qui l’ont conduit au pouvoir. Ce serait déjà quelque chose si on établissait le principe que, tout monarchique qu’on puisse être lorsqu’on occupe le poste, une fois qu’on est parti on est sujet aux mêmes lois que les autres. Attention, Sarko le Grand !

Et en Angleterre, on enquête sur les circonstances qui nous ont amenés vers l’invasion de l’Iraq. Dernièrement, les témoins commencent à cerner de plus en plus près Lord Goldsmith, qui à l’époque occupait un poste à peu près équivalent à celui du Garde des Sceaux. En juillet 2002, il soumet un document à Blair lui soulignant qu’une guerre contre l’Iraq serait illégale ; sa récompense a été de se faire exclure des réunions du cabinet pendant six mois et de se faire harceler par ses collègues, au point où il a apparemment perdu presque 20 kilos de poids (donc la persécution de Tony n’a pas été complètement sans avantages). Juste avant l’invasion de mars 2003, Goldsmith soumet un deuxième document où, semble-t-il, il émet un jugement plus mitigé.

Va-t-on enfin savoir pourquoi il a changé d’avis ? Ou, plutôt – puisque la raison on la sait depuis toujours – va-t-on enfin avoir la confirmation de ce qu’on sait déjà ?

Et surtout est-ce que la culpabilité de Blair sera enfin clairement établie ?

A suivre. Avec impatience.

P.S. Est-ce que c’est le moment de faire une nouvelle version de Huis Clos croisé avec En attendant Godot qui mettrait en scène trois copains de cellule, anciens chef de gouvernement italien, français et anglais ?

Beau rêve, n’est-ce pas ?

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