Sunday, 27 September 2009

G20: le triomphe de la Grande Bretagne

Quel triomphe, la réunion du G20 a Pittsburgh! On avait très peur en Angleterre que les choses allaient tourner mal, et c’est donc avec autant de soulagement que de bonheur que nous constatons la réussite de Gordon Brown.

Il faut comprendre que pour nous le succès n’a rien à voir avec le terrorisme, le réchauffement de la planète ou la crise financière. L’important c’est de savoir où nous en sommes dans nos rapports avec les Etats-Unis.

Tout le monde en Angleterre sait que nous avons des rapports privilégiés – le ‘special relationship’ – avec les Etats-Unis. Le gros problème est qu’il est nettement moins évident que les Etats-Unis entretiennent des rapports spéciaux avec nous.

Nous admirons bien sûr tous Barack Obama. Cependant, il y a des moments où nous nous permettons de douter un peu de son anglophilie. George Bush avait un buste de Churchill dans le bureau ovale. Obama l’a fait enlever. Quand Brown a visité Obama, le cadeau qu’un premier ministre reçoit habituellement d’un Président a pris la forme d’une collection de DVD de série américaine. DVD au format américain, d’ailleurs, zone 1, donc injouable sur la plupart des lecteurs britanniques.

Donc quand nous avons appris que quatre tentatives d’obtenir un rendez-vous en tête-à-tête entre Obama et Brown avaient amené à quatre échecs, nous commencions à nous inquiéter sérieusement. Churchill et Franklin Roosevelt se réunissant en plein Atlantique pour décider du sort du monde démocratique, ça ne comptait plus pour rien ? Blair qui a appris à croire aux armes de destruction massive Iraquiennes pour faire plaisir aux Américains, et qui aurait appris à croire au Père Noël si Bush le lui demandait, ça ne nous valait pas un peu de reconnaissance ?

Mais heureusement tout est rentré dans l’ordre. Brown a eu son rendez-vous à la cinquième tentative. Lui et Sarah ont eu droit à la bise de Barack et Michelle, exactement comme Sarko-le-Grand et Carla. Lui et Sarko on comparu avec Obama devant la presse soulignant l’importance de nos deux pays par rapport aux puissances mineures telles l’Allemagne, le Japon ou la Chine.

Dans un monde dominé par tant de difficultés, il est réconfortant de savoir que sur les questions essentielles, sur qui joue avec qui dans le préau, qui est assis à côté de qui en salle de classe, on sait toujours trouver les bonnes réponses.

Friday, 25 September 2009

Mali: belle ironie

C’est curieux qu’au Mali l’opinion publique ait poussé le Président Amadou Toumani Touré à reculer sur la nouvelle loi sur la famille. C’est encore plus curieux étant donné que parmi les dirigeants des manifestations étaient de nombreuses femmes et la loi mettaient fin, entre autres choses, à l’obligation légale des femmes d’obéir à leurs maris. Et je précise : elle n’empêchait pas aux femmes d’appliquer cette obligation, elle sortait cette obligation du giron de la loi. C’est la cause de la colère des manifestants : dans un pays dont 85% de la population est musulmane, c’est précisément le désir de séparer le rôle de l’état de celui de la religion (le projet de loi faisait également du mariage une institution laïque) qui a choqué.

Et le comble du curieux dans cette histoire c’est que cette séparation, si importante dans le monde occidental, si controversé dans le monde Islamique, doit ses origines à un des grands maîtres à penser de l’Islam.

La séparation de la foi et de la raison a atteint son apogée avec les grands progrès de la science au dix-huitième siècle. Elle est peut-être à son comble dans le dialogue célèbre de Napoléon, qui demande au scientifique Laplace pourquoi Dieu ne paraissait pas dans un livre qu’il venait de publier et reçoit la réponse, ‘Je n'avais pas besoin de cette hypothèse-là.’

Les origines de ce mode de pensée sont cependant bien plus anciennes, et remontent à un des grands saints de l’église, Thomas d’Aquin. C’est lui qui a voulu refonder le Christianisme sur des bases Aristotéliennes, ce qui l’amène à proclamer la validité de l’étude de la Nature à côté de celle des choses spirituelles. Cela paraît anodin mais en réalité il cache un danger profond : dès qu’on sort l’étude de la Nature, donc la Science, et plus généralement la pensée rationnelle, de sa subjugation à la foi on se lance sur un chemin qui risque de faire de Dieu une croyance facultative. Ce qui nous mène à Laplace.

Ce n’est donc pas étonnant que Thomas d’Aquin, avant sa canonisation, a été condamné pour hérésie. Mais l’église a changé d’avis, Thomas a été promu saint, et nous voilà avec le principe de séparation de la vie civile de la foi.

Et où est-ce que Thomas a appris les principes aristotéliens ? Surtout en lisant les commentaires sur le philosophe Grec écrits par Averroés, grand maître de la pensée Européenne et Musulman de la ville, Arabe à l’époque, de Cordoue en Espagne.

Or si les Catholiques ont compris qu’Aristote était dangereux lorsque Thomas adoptait sa pensée, vous pensez bien que les Musulmans ont compris la même chose chez son maître Averroés. Il a été exilé au Maroc et la porte qu’il avait ouverte a été fermée pour ses coreligionnaires, même si elle resta ouverte chez ses disciples chrétiens.

Donc au Mali on assiste au heurt entre les principes de base de la religion d’Averroës, et les principes auxquels ont amené ses propres idées.

Belle ironie, n’est-ce pas ?

Tuesday, 22 September 2009

Suicides : l’alternative

Quelle tragédie, tous ces suicides chez Orange.

Evidemment, ici en Angleterre ce serait imaginable. Pas parce que les entreprises anglaises ont de meilleurs managers, loin de là. Pour nous autres, de ce côté de la Manche, il n’y a pas de domaine où nous sommes prêts à nous laisser dépasser par les Français. Par conséquent, et c’est avec orgueil que je l’affirme, je soutiens avec fermeté qu’en matière d’incompétence, nos patrons sont entièrement capables de rivaliser avec leurs homologues Français. Au moins.

Non, la grande différence c’est que nous sommes plus transparents sur le chapitre de la rémunération. Nous savons ce qu’ils reçoivent. Il y a quelques mois, et je sais que cela n’est pas passé inaperçu en France, la presse britannique ne parlait que du scandale des députés qui abusaient de leurs notes de frais. Mais il y a quelques semaines que le Guardian a publié des informations sur les frais des grands patrons de l’industrie. Le jardinier payé par l’entreprise. Le jet de fonction mis à disposition de la femme du PDG. Les 500 000 livres payés à un PDG américain d’une société britannique pour le défrayer des coûts de son déménagement lors de son retour aux Etats-Unis.

C’est curieux que le parti Conservateur en ait parlé beaucoup moins que du scandale des députés, thème dont il s’est bien servi pour attaquer le gouvernement. C’est sans doute par souci de politesse : il serait très mal élevé de s’en prendre à des gens qui se sont toujours montrés si bienveillants envers lui, politiquement et financièrement.

Donc vous vous imaginerez bien que, malgré le management par le stress, le suicide n’est pas l’option préférée des salariés britanniques.

L’homicide, par contre, nous semble parfois très tentant.

Saturday, 19 September 2009

Mésentente cordiale

A l’époque communiste, un journaliste occidental a demandé à un Tchèque, ‘Pour vous, les Russes sont-ils vos frères ou vos amis?’ ‘Nos frères,’ a répondu l’autre, ‘on choisit ses amis.’

On ne choisit pas ses cousins non plus, et je trouve que les Français ont des rapports de cousin avec les Anglais, proches mais tendus. Nous n’arrivons pas à oublier la guerre de cent ans (série gagnée par la France, malgré plusieurs défaites cuisantes) ou les guerres napoléoniennes (série gagnée in extremis par les Anglais, avec de l’aide externe).

La rivalité se retrouve même au niveau linguistique. J’adore l’expression ‘traduit de l’américain’ que je retrouve dans certains livres en français. Le mot ‘américain’ traduit le terme américain ‘English’, langue que les Américains croient parler. Et si je me permets un rare moment d’objectivité – cela m’arrive parfois, malgré moi – ils maîtrisent souvent mieux la langue que pas mal d’Anglais.

‘Traduit de l’américain’ veut dire, par exemple, que le mot ‘couleur’ dans la version française traduit ‘color’ dans l’original au lieu de ‘colour’. Comment expliquer le désir de souligner ce fait autrement que par la volonté de bien se distinguer des Anglais ?

C’est un désir entièrement réciproque. Connaissez-vous le roman d’espionnage d’Erskine Childers, The Riddle of the Sands ? A l’époque, en 1903, Childers était fonctionnaire anglais et le roman devait non seulement divertir ses lecteurs par ses moments forts et son suspens, mais aussi alerter les Anglais au risque qui pesait sur le pays. La Grande Bretagne était bien défendu contre son ennemi traditionnel, la France, malgré 90 ans de paix. Elle n’avait presque pas de protection contre l’Allemagne, d’où venait la vraie menace, à onze ans de la première guerre mondiale.

Curieusement, tout en étant fonctionnaire anglais, Childers était d’origine irlandaise. Le pays qu’il s’efforçait de défendre était le même qui opprimait son pays natal. Il est rentré dans celui-ci au moment de l’indépendance et, pour récompense, s’est fait fusiller par l’un des camps (irlandais) de la guerre civile qui a suivi. Avec des ironies pareilles, je n’ai jamais compris ceux qui ne trouvent pas l’histoire passionnante.

A propos, le roman de Childers est disponible chez amazon.fr sous le titre L'Enigme des sables. Traduit de l’anglais (l’irlandais étant une autre langue).

La France est le pays le plus proche de l’Angleterre. Presque tout Anglais qui ait jamais quitté le pays connaît la France. En revanche le grand Sarkozy, en tant que candidat à la Présidence, est venu en campagne à Londres, qu’il qualifie de septième ville française du monde.

Il s’agit à mon avis de deux pays liés par leur mésentente cordiale.


Au moins nos confrontations se limitent aujourd’hui aux pelouses de rugby. Où dans la série de rencontres depuis le début de ce siècle, l’Angleterre mène neuf à sept. Fait que je ne cite que par souhait d’offrir des informations précises et complètes à mon public, comme se doit un blog de service public comme le mien.

Thursday, 17 September 2009

La gauche et ses traditions

Il y a trente ans, l’une de mes nombreuses erreurs de jeunesse a été la séduction par l’extrême gauche. Or la gauche aime bien parler, de vive voix ou par écrit, et qu’est ce que j’ai dû avaler des textes bien indigestes.

De temps en temps, j’ai eu des surprises agréables : Trotsky, ancien journaliste, savait enchaîner des mots pour en faire des phrases qui donnent envie de lire la prochaine, et son Histoire de la Révolution Russe, si elle n’est pas un modèle d’objectivité et de précision, est au moins passionnante. Mais les autres ! On découvre parfois une belle phrase – ‘un spectre hante l’Europe – le spectre du Communisme’, par exemple. Ce n’est pas vrai, et ce n’était même pas vrai à l’époque, mais il ne faut pas être trop pédant. Une belle sonorité vaut parfois la vérité, n’est-ce pas ?

En général, cependant, je trouvais Marx le plus illisible des auteurs. Au moins, jusqu’à ce que je fasse la connaissance de l’œuvre de Lénine. Parfois il suffit de lire le titre – je ne me souviens de rien dans La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, mais le titre même est assez rébarbatif pour me rappeler la peine avec laquelle j’ai bataillé pour arriver à la fin d’un texte pourtant relativement court.

Mais arrêtons-nous un instant sur ce titre. ‘Le rénégat Kautzky’. Je parie que sans consulter Wikipédia, personne ne sait qui c’était. Lénine trouvait qu’il était assez important pour être la cible d’un de ses livres. Aujourd’hui, cela n’intéresse que quelques étudiants d’histoire politique du début du vingtième siècle. Mais comme les grandes envolées intellectuelles, c’est une tradition de la gauche de s’éviscérer mutuellement. Hier c’était Kautzky agressé par Lénine ; aujourd’hui, c’est Aubry poignardé par Royal.

C’est beau, n’est-ce pas, de respecter et maintenir les traditions ? Et le PS français est un parti profondément traditionaliste. L’emploi, le réchauffement de la planète, la crise financière. Questions accessoires. Nicolas Sarkozy. Cible secondaire. Concentrons-nous sur ce qui intéresse vraiment l’électorat, la grande question qui agite les principes de fonds du socialisme : Martine Aubry a-t-elle été élue à la tête du Parti selon les règles ou non ?

Lénine approuve sans doute du fond de son tombeau. Et Kautzky doit bien rigoler.

Monday, 14 September 2009

Arithmétique du bonheur

Deux articles du Monde m’ont paru particulièrement intéressants, surtout par leur proximité.

L’un parlait du décalage entre la fin de la crise économique et la perception des français de n’en être pas encore vraiment sortis. Quels ingrats. Malgré tout ce que fait le grand Sarko pour les rendre joyeux, ils persistent à être malheureux. Quelle honte.

L’autre parlait d’une proposition française de changer le moyen de mesurer la prospérité.

Or être cynique c’est connaître le prix de tout, et la valeur de rien. C’est un reproche que je veux surtout éviter. Je ne fais donc aucun rapprochement entre ces deux articles. Cependant, je ne peux pas m’empêcher de réfléchir au bon vieux temps où chez nous, sur notre petite île, gouvernait la grande Maggie, Thatcher la glorieuse. Sous son règne bénéfique, il a fallu changer 24 fois la façon de mesurer le chômage. Sur ces 24 changements, il n’y en que quatre qui ont donné une augmentation du total de chômeurs.

C’est étonnant, n’est-ce pas ? Mais c’est l’illustration parfaite d’une grande vérité statistique. La probabilité de n’avoir que quatre fois sur 24 le même résultat, sur deux possibles, est de moins de 8 sur 10 000. Vous vous imaginez ? Vous voyez que tout résultat, aussi improbable qu’il puisse être, peut se produire par le pur effet du hasard.

N’excluons donc pas la possibilité qu’une nouvelle définition de la prospérité ne puisse donner à tous les français le sentiment d’être riches, et donc les réconcilier avec un président de taille qui met chaque centimètre de son être au service de son peuple.

Saturday, 12 September 2009

Pas toujours très gentleman, ces anglais

L’année dernière, nos rêves de richesse à nous tous, contribuables anglais, semblaient sur le point de se réaliser : nous sommes devenus banquiers. Notre gouvernement, agissant à notre nom, avait pris des parts, parfois très importantes, dans plusieurs de nos plus grandes banques.

J’allais être patron de ma propre banque ! Avec quelques millions d’associés, soit, mais quand même. Vous vous rendez-compte ?

Hélas, la réalité s’est avérée plutôt décevante. En tant que banquier, j’ai le même problème que tout chef de grande entreprise : où trouver des salariés compétents et honnêtes ?

Par exemple, à la tête de ma belle banque écossaise, la Royal Bank of Scotland, moi et mes associés avons nommé Stephen Hester PDG. Malheureusement, sous sa direction ma banque a encouru des pertes qui atteignent la somme tout à fait honorable d’un milliard de livres.

Pour cette prestation, Monsieur Hester trouve qu’il vaut bien son salaire annuel de 1,2 million de livres, et se croit dû un bonus de 9,6 million de livres sur trois ans, un total de 4,4 million de livres par an.

En ce moment, le salaire moyen britannique est inférieur à 25,000 livres par an. Je vais donc devoir rémunérer Monsieur Hester à un taux annuel équivalent de 176 années de travail d’un ouvrier moyen – c'est-à-dire, à peu près l’équivalent de cinq carrières entières par an. Pour des pertes d’un milliard cette année.

Décevant, n’est-ce pas ?

Ce qui rend tout cela particulièrement curieux ces les résultats, publiés cette semaine, d’une étude des revenus dans la City, le secteur financier britannique. Traditionnellement, c’est un ‘boys’ club’. Je ne dis pas ‘gentleman’s club’, car ‘gentleman’ implique un autre degré de maturité, et en plus ‘gentleman’s club’ est devenu le terme consacré pour un certain type d'institution dont la spécialité est la danse féminine à contenu vestimentaire réduit.

Hors dernièrement, le ‘boys’ club’ de la City s’est senti contraint à ouvrir, ou du moins entrouvrir, ces portes aux ‘girls’. Un petit nombre de femmes travaillent dans la City, ou du moins y sont employées : pour moi le verbe ‘travailler’ comporte le sens d’une activité productive, concept qui s’accorde mal à la notion que je me fais de la City.

Selon l’étude, ses femmes sont payées en moyenne 30% de moins que leurs homologues hommes. Et leurs bonus sont inférieurs de 80%.

C’est étonnant, n’est-ce pas ? Comme on connaît le secteur financier, n’aurait-on pas été en droit de s’attendre à un comportement bien plus galant, bien plus altruiste ?

Wednesday, 9 September 2009

Une question de taille

Selon Oscar Wilde, ‘S'il est au monde rien de plus fâcheux que d'être quelqu'un dont on parle, c'est assurément d'être quelqu'un dont on ne parle pas.’

De ce point de vue, Nicolas Sarkozy doit être bien satisfait en ce moment. Les médias anglais, qui sont en général assez taciturnes au sujet de la France, parlent beaucoup de lui. Il est vrai qu’ils trouvent peu à dire de ces succès ou de ses initiatives géniales (ou initiatives tout court) et beaucoup plus de sa taille, mais au moins ils s’intéressent à lui.

Puisque la France a déjà plus qu’assez débattu ce sujet brûlant, je n’ajouterai pas de commentaire ici. Je me limiterai à dire que mon journal préféré, le Guardian, croit avoir dévoilé le secret d’état autour de la question de la taille présidentielle : il paraît qu’il mesure 1 m 68.

Du haut de mes 167 centimètres, je me demande de quoi il se plaint exactement, ce géant ?

Saturday, 5 September 2009

La chance d’être Français

La France, pays que j’ai eu le malheur de quitter il y a quinze mois, est un pays de privilégiés.

Je l’ai constaté lors d’une visite récente, au cours de laquelle j’ai appris ce qui se passe par rapport à la taxe carbone. Je ne dirai rien sur les détails de la proposition, qui ne font pas l’unanimité des avis – loin s’en faut – car ce qui m’intéresse dans cette mesure c’est plutôt ce qu’elle nous montre de l’attitude du tout petit Président de cette grande République par rapport aux engagements. En en mot – Sarkozy les tient. Cette taxe, il l’avait promise ; il va la livrer. C’était d’ailleurs une promesse non tenue de son prédécesseur Chirac ; lui il la tiendra.

Mais si la droite française tient les promesses, la gauche remplit les attentes. Les Socialistes ont failli nous décevoir, en faisant une université d’été quasiment sans controverse. Mais depuis leur retour, chacun des dirigeants a retrouvé tout le venin qu’il réserve pour chacun des autres. Nous sommes tous soulagés – la nature reprend ses droits. Et la nature du parti socialiste est celle d’un parti qui trouve son compte en opposition, qui a compris que s’unifier amènerait le risque de gagner des élections et donc de faire passer au pouvoir l’un des leurs, ce qui priverait tous les autres d’y parvenir – et comme tout le monde sait, il est pire de subir le triomphe d’un rival que la victoire d’un adversaire.

Par contraste, en Angleterre il n’y a que déception. Nous avons tous espéré beaucoup de Gordon Brown. Notre premier souhait était qu’il ne soit pas Tony Blair. C’est le seul qui ait été exaucé. Il s’est avéré piètre communicateur, indécisif, toujours à la recherche de solutions minimales. Par conséquent, lorsqu’il fait bien, c’est souvent sous la contrainte de l’opinion publique et donc tout l’avantage de la réussite de ses mesures profite plutôt à ceux qui l’ont forcé à les adopter qu’à lui.

Résultat des courses : David Cameron du Parti Conservateur passera aux élections législatives de l’année prochaine. Il n’a pas encore eu l’occasion de bien décevoir, mais tous les signes sont bons : on s’attend de lui une déception tout aussi éclatante que celle que nous a donné le brave Gordon.

Le contraste entre la France et l’Angleterre ne pourrait donc être plus frappant. Dans la terre promise de l’Hexagone, on tient ses engagements. En perfide Albion, par contre, c’est la déception perpétuelle, très bien assortie à notre bruine et nos brumes.

Voilà sans doute pourquoi les Français sont si heureux de leurs hommes politiques. Et voilà pourquoi on rouspète si peu en France.