Saturday, 12 September 2009

Pas toujours très gentleman, ces anglais

L’année dernière, nos rêves de richesse à nous tous, contribuables anglais, semblaient sur le point de se réaliser : nous sommes devenus banquiers. Notre gouvernement, agissant à notre nom, avait pris des parts, parfois très importantes, dans plusieurs de nos plus grandes banques.

J’allais être patron de ma propre banque ! Avec quelques millions d’associés, soit, mais quand même. Vous vous rendez-compte ?

Hélas, la réalité s’est avérée plutôt décevante. En tant que banquier, j’ai le même problème que tout chef de grande entreprise : où trouver des salariés compétents et honnêtes ?

Par exemple, à la tête de ma belle banque écossaise, la Royal Bank of Scotland, moi et mes associés avons nommé Stephen Hester PDG. Malheureusement, sous sa direction ma banque a encouru des pertes qui atteignent la somme tout à fait honorable d’un milliard de livres.

Pour cette prestation, Monsieur Hester trouve qu’il vaut bien son salaire annuel de 1,2 million de livres, et se croit dû un bonus de 9,6 million de livres sur trois ans, un total de 4,4 million de livres par an.

En ce moment, le salaire moyen britannique est inférieur à 25,000 livres par an. Je vais donc devoir rémunérer Monsieur Hester à un taux annuel équivalent de 176 années de travail d’un ouvrier moyen – c'est-à-dire, à peu près l’équivalent de cinq carrières entières par an. Pour des pertes d’un milliard cette année.

Décevant, n’est-ce pas ?

Ce qui rend tout cela particulièrement curieux ces les résultats, publiés cette semaine, d’une étude des revenus dans la City, le secteur financier britannique. Traditionnellement, c’est un ‘boys’ club’. Je ne dis pas ‘gentleman’s club’, car ‘gentleman’ implique un autre degré de maturité, et en plus ‘gentleman’s club’ est devenu le terme consacré pour un certain type d'institution dont la spécialité est la danse féminine à contenu vestimentaire réduit.

Hors dernièrement, le ‘boys’ club’ de la City s’est senti contraint à ouvrir, ou du moins entrouvrir, ces portes aux ‘girls’. Un petit nombre de femmes travaillent dans la City, ou du moins y sont employées : pour moi le verbe ‘travailler’ comporte le sens d’une activité productive, concept qui s’accorde mal à la notion que je me fais de la City.

Selon l’étude, ses femmes sont payées en moyenne 30% de moins que leurs homologues hommes. Et leurs bonus sont inférieurs de 80%.

C’est étonnant, n’est-ce pas ? Comme on connaît le secteur financier, n’aurait-on pas été en droit de s’attendre à un comportement bien plus galant, bien plus altruiste ?

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