Saturday 10 October 2009

Symétries politiques

Je ne suis pas grand amateur de Platon – un peu trop idéaliste, à mon goût – mais comme lui j’aime bien retrouver de la symétrie dans la vie. Par conséquent, j’ai toujours trouvé séduisant le principe de Marx (le grand et ennuyeux Karl, pas le petit Groucho tellement plus savoureux) que ‘l’histoire se répète toujours deux fois : une première fois comme tragédie, une seconde fois comme comédie’. Mais si la symétrie de la répétition est satisfaisante, combien plus ne l’est la répétition de la répétition même. Je m’explique.

La citation de Marx paraît dans Le 18 brumaire de Louis Napoléon où il met en parallèle le premier Napoléon, le grand, avec le petit, son neveu Napoléon III. Or de nos jours nous assistons à la reprise de cet effet de miroir entre oncle et neveu. L’oncle était François Mitterrand, quatorze ans président de la République et dont, pourtant, je continue à me demander ‘mais – qui était-ce ?’. Les interrogations affluent dès le début de sa carrière. Homme de droite aux années 30, proche des mouvements fascisants, ou homme de gauche défenseur des principes républicains ? Collaborateur du régime de Vichy ou héros de la résistance ? Ou peut-être les deux ? Le personnage est bien opaque.

Lorsqu’il arrive à l’apogée de sa carrière, à l’Elysée, il porte l’étiquette ‘socialiste’. Mais l’était-il véritablement ? Ou est-ce qu’il se servait plutôt du parti socialiste, qu’il a su transformer pour le rendre bien plus efficace, mais aussi pour en faire le moyen de réaliser son ambition personnelle ?

Je crois que tout ce que nous pouvons vraiment dire sur François c’est qu’il était Mitterrandiste.

Le neveu, celui qui joue le rôle de Napoléon III, le rôle comique, c’est bien sûr Frédéric Mitterrand. A nouveau, que sait-on de lui ? Il a connu du succès sur plusieurs plateaux – cinéaste, écrivain, universitaire – mais jamais de réussite éclatante. Avec un certain talent, il semble démontrer, et des connexions hors pair – un oncle ancien Président, un autre ancien général – on peut aller loin.

Et en politique ? Homme de gauche, sorti du Mouvement des radicaux de gauche, ou de droite, militant et de surcroît ministre de l’UMP de notre grand président actuel ? En tout cas, comme son oncle c’est certainement quelqu’un qui suscite des débats. Comme pour confirmer le jugement de Marx, cependant, si pour l’oncle il s’agissait de questions nobles – la nature de la République, le Socialisme, la Résistance ou la collaboration – pour le neveu c’est un peu plus terre à terre. Est-ce qu’un de ses romans justifie le tourisme sexuel ? Quels sont exactement ses mobiles pour défendre avec tant d’acharnement Roman Polanski accusé du viol d’une mineure ? Pourquoi défend-il son filleul et un complice accusé du viol d’une jeune de seize ans ? C’est comique parce que c'est ridicule, même s'il ne s'agit que de comédie sans finesse, dont on ricane plus qu’on ne rigole.

Cependant, derrière tout cela un fil conducteur important relie le neveu à son oncle. Comme Napoléon III était aussi Bonapartiste que son oncle, il me semble que Frédéric est aussi Mitterrandiste que le sien.

Napoléon I et Napoléon III. François et Frédéric. Au moins de ces tristes histoires nous pouvons tirer de quoi satisfaire le goût si humain de la symétrie.

No comments:

Post a Comment